Entretien avec Vincent Ricordeau, co-fondateur et CEO de KissKissBankBank

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 KissKissBankBank

Entretien avec Vincent Ricordeau, co-fondateur et CEO de KissKissBankBank

 

 Vincent Ricordeau est autodidacte et serial entrepreneur. Pionnier du crowdfunding, il lance KissKissBankBank en 2010 avec Ombline Le Lasseur et Adrien Aumont, puis Hello Merci en 2013. Acteur majeur de ce secteur, il revient, dans cet entretien, sur la montée en puissance, en France et dans le monde, de ce nouveau mode de financement fondé. Il en explique l’origine, nous délivre sa vision du futur et révèle toutes les bonnes pratiques pour réussir une campagne.

 

2013 est sans nul doute l’année de l’installation, du crowdfunding, dans le paysage économique français pour de nombreuses années. Peut-on affirmer aujourd’hui que le crowdfunding n’est plus une piste émergente mais une  source de financement viable. L’envisager est-il devenu incontournable ?

 

Vincent Ricordeau : Lorsque l’on a lancé en 2010, Kisskissbankbank, avec l’envie de libérer la créativité, cela apparaissait pour beaucoup juste comme une utopie, aujourd’hui, il suffit juste de regarder les chiffres de Massolution [5 milliards de dollars en 2013] et de Forbes [1000 milliards en 2020], pour prendre conscience de la montée en puissance de ces alternatives. Si j’avais été interrogé à l’époque sur les perspectives d’évolution, j’aurais parlé d’un marché en millions et non en milliards comme aujourd’hui. Alors imaginons un peu les perspectives que cela nous offre si la tendance se confirme comme nous le pensons.

 

Beaucoup considèrent que les montants rassemblés sont encore trop petits et ne correspondent pas à leur besoin, pensez-vous qu’ils vont continuer à augmenter ?

 

VR : Il est vrai dans le monde entier que le modèle basé sur la contrepartie en nature a, avant tout, pour vocation de financer des micro-projets. On s’inscrit dans une dynamique de financement de projets créatifs, réalisés par des entrepreneurs, des « makers ».

Même si certains projets, aux Etats-Unis sur Kickstarter, ou en France avec la web série NOOB, qui a rassemblé notamment plus de 600 000 euros, défraient la chronique ; ils attirent la lumière, démontrent le potentiel du modèle, mais représentent une petite partie des projets financés et des belles histoires qui s’écrivent grâce à l’apport des internautes. On souhaite avant tout soutenir la création indépendante, on préfère multiplier le nombre de projets financés à hauteur de 4 500 euros (montant moyen collecté par projet), que de financer un projet dépassant la barre du million d’euros tous les 3 mois, même si lorsque cela arrivera, nous en serons évidemment très heureux.

 

Quant à la nécessité d’avoir des montants plus importants pour soutenir la création d’entreprises et de start-ups, il faut regarder du côté du financement en fonds propre avec prise de participation des internautes dans le capital. C’est le modèle qui a sans nul doute le plus fort potentiel en termes de levée de fonds, mais qui connaît la croissance la moins spectaculaire. L’une des principales raisons réside dans les difficultés inhérentes à cette forme de plateforme face à la réglementation actuelle. Leurs caractéristiques spéculatives les font entrer dans les cadres fixés de la finance traditionnelle. On s’est justement rassemblé et avons entamé des discussions avec les pouvoirs publics pour faire évoluer la législation et faciliter l’investissement direct dans les start ups et les TPE  PME, à travers les sites d’equity crowdfunding.

 

Est-ce que le crowdfunding est pour vous juste une réponse à la crise ? Comment voyez-vous le développement de cette nouvelle voie de financement ?

 

VR : Il faut tout d’abord rappeler que le « Love Money » a toujours existé : les créateurs font tous appel, à un moment ou un autre, à leur cercle de proximité pour débuter et lancer leurs entreprises. Leurs proches sont les premiers à leur faire confiance, à s’intéresser à leurs travaux.  On permet, grâce à notre place de marché et à la puissance communautaire d’Internet, d’agrandir ce cercle et d’atteindre un public beaucoup plus large. La présentation de leur projet sur une plateforme de financement participatif permet de légitimer l’appel, d’atteindre un public réceptif, de donner à voir, et ensuite, dans un second temps, de démultiplier l’initiative individuelle.

 

Nous pensons que cette faculté à financer nos projets entre individus représente un des élans qui changera le monde. Ce vent d’optimisme s’inscrit dans une logique philosophique beaucoup plus large, il s’agit de l’économie collaborative. Elle vient du Web et s’introduit peu à peu dans tous les pans de l’économie et de la société civile (covoiturage, location entre particulier d’appartement, de voiture ou d’outils…). Le crowdfunding devient et va s’installer comme la banque de cette économie du partage, plus humaine, loin de la spéculation sauvage et non profitable à l’économie réelle.

 

Qu’est-ce qu’un projet sur KissKissBankBank ? Quelles qualités doit-il avoir ?

 

VR : Un projet doit avoir deux premières qualités indispensables, il faut qu’il soit crédible et mature. Si notre équipe considère que le projet est suffisamment structuré et conforme à nos valeurs et aux limites que nous fixons, il est alors accepté. Il faut savoir que l’on accepte environ 1/3 des projets que l’on nous soumet.

 

Un projet se doit d’être réfléchi et bien préparé. C’est déjà un indicateur clé de la réussite possible de la collecte. Plus, il est clair et détaillé dans l’esprit du créateur, plus il aura de facilité à le diffuser très largement.

 

Quels conseils donnerais-tu à un porteur de projet souhaitant réussir sa campagne et rendre possible son aventure ?

 

VR : Il faut déjà bien s’informer. Beaucoup encore pensent qu’il suffit de mettre son projet en ligne pour collecter des fonds et sont insatisfaits. Une plateforme de crowdfunding  est une vitrine, son rôle est de mettre les porteurs de projets dans des conditions favorables pour solliciter les internautes et permettre de créer la confiance nécessaire afin de favoriser leur engagement. Désolé de rappeler, que l’argent ne tombe pas du ciel.  C’est aux créateurs de mettre en lumière leur projet, de générer du trafic sur leur fiche projet. Pour les aider, nous mettons évidemment à disposition des outils de partage sur les réseaux sociaux, mais aussi un tableau  de bord de campagne, avec de vrais outils de « reporting » et d’étude d’impact de leur communication.

 

On ne peut pas être sûr à 100 % de réussir sa campagne. À l’heure actuelle nous sommes à hauteur de 60 %. Mais si le créateur joue parfaitement le jeu, c’est-à-dire, s’il communique sur le site, puis relance, informe, motive, s’il s’adresse à l’ensemble de sa communauté, sans omettre ses proches, qui sont souvent les premiers à  faire confiance et apporter leurs contributeurs financières, alors il a de très grandes chances de succès. Un chiffre résume tout : les projets ayant atteint, 40 % de leur objectif financier ont 96 % de boucler leur campagne.

 

 

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